jeudi 2 juin 2011

Ouest France 2 juin 2011

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CDC : entre colère et temporisation à propos d'Agrial

jeudi 02 juin 2011
Peu de débats au conseil communautaire mardi. Mais le projet de plateforme Agrial à Sarceaux a réveillé les passions.La CDC veut calmer le jeu.
Annulation de la décision de révision simplifiée du plan local d'urbanisme de Sarceaux. Et vote d'une nouvelle révision simplifiée... La gymnastique peut sembler étrange pour le non-initié. Cette révision est indispensable pour Agrial, qui veut implanter une plateforme logistique sur la zone Activald'Orne II, sur la commune de Sarceaux. Sans cela, la société ne pourrait obtenir de permis de construire. Le pas de une-deux des élus communautaires leur permet de retarder la décision et d'intégrer les nouvelles contraintes législatives, entrées en vigueur depuis l'élaboration du projet (loi Grenelle 2, lire O.-F. de mardi).
« C'est une décision de sagesse, en vertu de deux principes, la transparence et le droit légitime des citoyens à demander plus d'informations, introduit le vice-président Jean-Louis Carpentier, mardi soir. Il est légitime qu'il y ait des craintes, des doutes, des interrogations. Nous avons à rassurer, à convaincre. L'entreprise aussi. » Laurent Beauvais précise qu'il a écrit au tribunal administratif fin mai pour stopper la procédure en cours d'enquête publique. « Ces décisions se font en concertation avec l'entreprise, qui confirme son projet pour Argentan. Pour aller jusqu'au bout, nous organiserons une réunion publique, à Sarceaux, pour informer plus précisément les habitants. »
Fontenai convié ?
Tout en notant que la CDC du pays d'Argentan a aussi besoin de « reconquête économique », Christiane Divay demande à ce que les habitants de Fontenai-sur-Orne soient conviés. Pour Jacques Gérard, maire de Sarceaux, « il faut que les habitants aient non seulement le son des gens qui affolent mais aussi celui des gens qui rassurent. »
Au fond de la salle, les militants opposés au projet d'Agrial. Marc Joly, adjoint au maire à Argentan, s'adresse indirectement à eux. Énervé. « Ça fait plus de dix ans que la plateforme Agrial est implantée à côté de Magnetti (route de Caen, NDLR). Je travaille à Magnetti, comme des gens de cette association. Jamais je n'ai entendu quelqu'un me dire « ça ne va pas, y'a un problème ! »
Récupération politique selon le PC
Robert Levesque renchérit « J'habite à côté du site actuel. Il y a eu des réunions avec des enseignants et parents d'élèves à l'école Prévert, des explications, et ça n'a posé aucun problème. Je suis surpris quand je vois des gens s'inquiéter alors qu'ils habitent à 20 km (1). J'y vois de la récupération politique et politicienne. » Et d'ajouter que « se priver de 150 emplois, ce serait très grave. »
Le maire d'Argentan modère. « La sagesse n'empêche pas qu'on se pose des questions. Le problème n'est pas la plateforme logistique, mais qu'une partie sera occupée à terme, partiellement, par ce qui est actuellement route de Caen (site Seveso 2, NDLR) ». Pierre Pavis voudrait « avoir la certitude qu'après cette concertation, on n'aurait pas tôt ou tard un recours au tribunal administratif. »Jean-Louis Carpentier conclut « Gardons-nous de polémiquer. Les citoyens s'expriment, entendons-les. Le but est de dissiper les malentendus, de rassurer. Ensuite, s'il en est ainsi, tout le monde pourra souscrire à ce projet. S'il y a un danger maximum, que l'entreprise le dise. Mais il s'agit avant tout de jeter les bases de la concertation. »
La concertation, elle commence ensuite sur le parking de la Maison des entreprises et des territoires. Les opposants au projet s'en prennent à quelques élus, dont le nouveau conseiller général du canton, Frédéric Léveillé. « Je viens d'acheter un terrain, sans avoir été informée qu'il y avait ce projet. Il va être juste devant chez moi ! », remarque une jeune femme. « S'il y a un incendie, on fait quoi, pour nous, pour l'école ? », interroge Pascal Beauvais, président de l'association d'opposants.« Pourquoi ne pas avoir plutôt vendu ces terrains à des agriculteurs en bio ? », questionne une troisième. La date de la réunion sera fixée dans les prochains jours. Elle promet d'être animée.